Un poème de Doidy au Crotoy
Il y a peu, j’ai fait l’acquisition du premier bulletin officiel municipal de LE CROTOY, daté de 1965. Parmi les nombreuses et amusantes informations historiques qui y figurent, j’ai découvert un poème de Doidy, que je n’ai retrouvé nul part ailleurs.
Henri Doidy, décédé en l’an 2000, est un artiste-peintre et poète qui a voué la quasi totalité de son oeuvre à Le Crotoy. Son amour pour la Baie est perceptible dans ses toiles comme dans ses mots.
C’est pour que ce joli poème ne se perde pas, et que vous puissiez en profiter, que je le livre ici …
Ma Baie. Par Henri DOIDY, Le Crotoy.
Connaissez-vous la Baie aux teintes de pastel
Qui sourit doucement sur la côte Picarde ?
Dans la chanson du vent qui passe et s’y attarde,
Avez-vous entendu son captivant appel ?Charmant écrin bordé par l’or pâle des sables
Et le bronze argenté de calmes frondaisons,
Elle sait nous offrir pendant quatre saisons,
Des joyaux différents mais toujours admirables.Parfois une cité que le flot vient lécher
Jaillit sur une rive ainsi qu’un découpage
Négligemment posé par quelque enfant bien sage
Et que semble animer la plainte d’un clocher.Un souffle amer et sain pénètre les poitrines
Dissipant tout-à-coup la foule des poissons ;
On respire en songeant aux lointains horizons
Son arôme de sel et de plantes marines.Le silence est rempli de petits cris plaintifs ;
La mouette décrit sa neigeuse spirale
Dans un ciel de lapis, de turquoise ou d’opale,
Où voguent lentement les nuages tardifs.Au large, tout à l’heure, apparaîtront les voiles
Ramenant, en dansant, vers l’un ou l’autre port
Le poisson qu’on fera passer par dessus bord,
Dans un ruissellement de perles et d’étoiles.Vous êtes-vous penchés du haut des vieux remparts
Pour contempler ma Baie, un soir au clair de lune ?
Vos yeux émerveillés, dans chaque flaque brune
Ont-ils su découvrir mille reflets épars ?L’avez-vous admirée aux mauvaises marées,
Superbe de frayeur, lorsque le flot hargneux
Se cabre et la mordant de ses crocs écumeux
Attaque et fait gémir les barques amarrées ?L’avez-vous vue encore aux froids matins d’hiver
Quand les plumes du Ciel apportent sur la dune
Les plus purs diamants de l’Auguste Fortune
Qui peuplent de leurs feux l’éblouissant désert ?Ainsi, jour après jour, l’inlassable cortège
Entraîne les saisons, de l’automne à l’été.
Chacune orne en passant sa réelle beauté
De soleil, et de vent, et de pluie, et de neige.
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